elise - oh no i hope i don't fall

L’enfance, une partie de ta vie très importante, celle avec qui tu as tout appris, celle dans laquelle tu étais heureuse d’un rien. Cette partie de ta vie où tu t’amusais avec le moindre objet, celle où tu n’aimais que les dragibus noirs, celle où tu sautais dans les flaques d’eau. Celle où tu disais “pouce” quand tu étais en train de perdre à un jeu enfantin. Un vélo faisait une moto, un morceau de bois ta plus belle arme en acier et où les bisous magiques faisaient disparaître les plus fins bobos. Celle où tu n’avais pas à te soucier de chose importante, celle où tu devenais amis sans critère physique. Celle où tu ne te préoccupais pas de ton poids, tes habits, tes cheveux ou simplement du regard des autres. Tu faisais simplement ce qui pouvait te rendre heureuse, heureuse de montrer ce que tu savais faire sans recherche de mérite. Celle où tu voulais grandir pour faire des choses de grandes personnes et finalement que tu l’es tu te dis que c’était bien mieux quand tu étais insouciante, rêveuse de revenir en arrière, de remonter le temps.

Tu as eu une enfance des plus basiques, vivant avec des parents aux revenus classique, tu n’as jamais envié les autres. Pourtant il si tu devais parler d’un souvenir d’enfance, celui qui t’es le plus important... Ce serait sans doute lui. Ce petit garçon brun de ton âge avec qui tu faisais les quatre-cents coups bien trop naïfs et insouciants. Ce garçon que tu disais aimer au monde entier, mais que connaissais-tu de l’amour à cet âge-là Elise ? Rien, et c’est ce qui rendait votre relation jolie. Tu as grandi à ses côtés en lui promettant qu’un jour, quand vous serez adulte, vous vous marierez, que vous alliez découvrir le monde ensemble. Malheureusement, le monde, tu ne pensais pas le découvrir si vite. Tu n’avais que six ans quand ta grand-mère est tombée malade, ta mère, bien trop loin de son pays d’origine ne pouvait rester au Japon. C'est ainsi que tu as dû quitter le pays nippon pour partir découvrir la France laissant derrière toi ton amoureux de l’époque. Une dernière fois, c’est ce que tu avais demandé à tes parents, tu n’étais pas triste parce que à cet âge Elise, tu n’as pas conscience de tout ce qui t’entoure. Deux colliers, une nouvelle promesse... Une demande particulière qui à tes yeux avait tout son sens. “Attends-moi, je reviendrais, je te le promets...” Pas une larme mais pourtant tu avais pu sentir ton cœur se serrer dans ta poitrine, tu lui as donné ce collier en lui disant que seule toi pourrait l’ouvrir avec ta clé, ainsi, il pourra te reconnaître au moment voulu. Un soupçon de romantisme pour des enfants ignorants tout du monde. Puis tu es partie, Elise, tu es partie grandir en France.

Paris, la capitale. Tu as continué ta croissance, solidifiant tes bases de français au fil des années qui défilaient alors que tu portais chaque jour ce collier, incapacité de le retirer. Avec le temps, tu te disais que cette promesse n’était sans doute qu’une promesse idiote, vide de sens, que ce petit garçon t’a sans doute oublié. Pourtant quand tu étais dans ta chambre, Elise, à fixer les étoiles brillantes sur ton plafond tu ne pouvais t’empêcher d’y croire, de te dire et si ? De te raccrocher à ces mots datant de bien trop longtemps maintenant. Tu as fréquenté des garçons mais tu n’as jamais réussi à développer de sentiment amoureux, comme si, cette clé à ton cou te préservait de la moindre attache, comme si ton cœur était déjà pris, promis à un autre. Tu as voulu le retirer plus d’une fois, mais tu n’as jamais réussi à le faire.  

Ta grand-mère a fini par quitter ce monde quand tu avais quinze ans. Un souvenir dont tu abordes peu le sujet, bien trop douloureux pour toi. En arrivant en France, tu ne savais rien d’elle hormis son physique que tu avais vu sur des vieilles photos, mais même là... Son physique avait bien changé. Tu te souviens de tout, de ta mère en larme plus d’une fois, de ton père essayant de tout faire pour faire renaître ce sourire si précieux sur son visage. Un sourire qui n’est pas apparu pendant un an.  

Un soir où tu rentrais du collège, tu as vu tous ces cartons dans le salon. Tu as d’abord pris peur, car dans ton collège c’était la mode des parents qui divorçaient, à croire que c’est le genre de point que l’on oublie de parler dans la boucle de l’amour, celui qui vient après le mariage, alors que pour toi, Elise, c’était le final d’une relation épanouie. Tu te souviens de ta mère qui venait te saisir dans ses bras en t’annonçant la fameuse nouvelle, un retour au Japon, son pays de cœur, le pays où tu es née, le pays où tu as... Automatiquement ta main s’était posée sur ce collier qui n’avait pas rouillé avec le temps. Pourquoi est-ce que ton cœur s’emballait à ce moment Elise ? Pourquoi est-ce que ton esprit s’est rempli de question concernant ce petit garçon ? Est-ce qu’il se souvenait de toi ? Est-ce que tu allais le retrouver ? Tu n’en savais rien, mais tu étais heureuse, heureuse de retrouver ton pays d’enfance, ton pays qui t’a vu faire tes premiers pas. C’est ainsi qu’à l’âge de seize ans, tu as repris l’avion une seconde fois, en sens inverse. Le cœur battant, priant pour qu’il se souvienne, pour que tu le retrouves un jour.