Let the sleeping dogs lies - Jaewon

Amour écarlate. Filant comme les étoiles dans le firmament. Étreinte à l’aveugle après minuit. Erreur d’un soir dans la fougue de la jeunesse. Rien que des caresses sans penser plus loin. Demain est un autre jour et qui dit qu’ils se reverront un jour. Permission finie et juste un numéro laissé à l’abandon sur la table de nuit. Il avait du courage ton père. Le courage de s’enfuir le lendemain matin, mais que pouvait-il faire d’autre ? Le moment de rentrer en Corée avait sonné. Son service militaire n’était pas terminé. Jamais il n’avait pensé qu’elle le rappellerait des mois après et surtout pas pour cette raison. Tu étais là, Jaewon, logé au fond d’elle. Gênant parasite lui volant sa silhouette parfaite. Horrible petite chose qui venait bouleverser ses plans. Elle n’avait jamais voulu de toi , et si elle en avait eu l’occasion tu n’aurais pas vu le jour Jaewon. Tu es pierre sur son chemin, une bévue, une faute de parcours et elle paye maintenant les conséquences.

Sans autre choix que de te mener à terme, elle est partie en Corée. Un espoir vain de faire naître la flamme avec lui. De faire apparaître un instinct maternel que son propre esprit lui refusait. Auprès de la famille de ton père qui l'a accueilli comme le messie. Porteuse du premier né. Ton père la chérissait, comme personne ne pouvait aimer. Ils n’avaient été qu’une rencontre fugace dans la vie de l’autre. Un éclair. Un instant éphémère. Elle devient à présent son éternité. A genou à l’instant même où son service se termine. Il veut l’épouser, ta mère, en faire son présent et son futur. Parce que c’est dans l’ordre des choses. Parce qu’on lui a toujours dit d’assumer. Parce qu’il espérait qu’elle devienne sienne corps et âme.  Et secrètement, elle aspirait à d'autres desseins. Pas de bague au doigt mais juste une promesse. Celle de rester auprès de vous. De t’élever et de t’aimer même si elle ne te désirait pas. Des paroles en l’air. Des mois durant, cédant aux moindres caprices, subissant les crises de colère, les crises de larmes, les menaces et les coups. Ton père, devenu la victime silencieuse d’un espoir. L’espoir de la voir un jour enfin heureuse, aimante. Toi contre son sein et son sourire sur les lèvres. Rêve futile. Son bonheur de courte durée, ta naissance. Brisé, éclaté. Son départ à elle.


Ain't it sad when you got nowhere to go?
Got no place to call your home
Burden to everyone you know
And I try
Just not to think about my life
So I do another line
It keeps me numb just for the night


Ni lui, ni elle. Ou juste trop des deux en même temps. Image imparfaite de tout ce qu’il aime et ce qu’il déteste. Ondulation de l’eau. Reflet déformé. Ta main frappe la surface de l’eau. Tu détestes l’estampe qui se dessine dans ce plan cristallin. Les traits tirés de tes courtes nuits. Le noir incrustés sous tes pupilles, témoins silencieux de tes tonitruantes pensées. Celles qui brisent les cycles naturels de la nuit. Tu détaches tes yeux de cette répugnante image pour les déposer sur le miroir brisé. Perle grenat encore visible sur les bords acérés. Lassé de ces cris incessants, des bleus et des coupures qui ne veulent quitter ta peau blême. Tu as été abandonné Jaewon, c’est un fait, et tu devrais l’accepter. Des années sont passées depuis qu’elle est partie. Ta mère ne voulait pas de toi, et elle a fait la chose qui lui paraissait le plus censée. Seul à naviguer dans les eaux troubles de cette colère. Enfouis au plus profond de toi. Tu en veux au monde de t’avoir insinuer en elle. Tu en veux à ton père de ne pas avoir réussi à la retenir. Mais surtout, tu lui en veux à elle de ne t’avoir rien laissé, pas même un souvenir auquel te raccrocher.

Flamme dansante. Ignition et forme brumeuse dans la nuit. Les paroles, les railleries, la brûlure invisible des mots, tout s’incrustent encore dans ton crâne. S’amusant à lacérer ton estime, exaltant ta rage. Tes poings qui se serrent avant que le cône revienne frôler tes lèvres et embrumer tes pensées. Chaque jour le même cirque. Pas de mère. Père poissonnier. Le manque d’argent. Baraque pourrie. Quartier de merde. Tes potes détraqués. Les vols à l'arraché. Les combats pour de la thune. Les lignes blanches sur l’évier. Le nez qui saigne. Les nuits sans sommeil et on recommence le lendemain. Boucle démentielle. Tu abhorres celui que tu es devenu, celui que tu es Jaewon.




High-school sweetheart. L’amour qui frappe à ta porte. Apparition enchanteresse qui s’amuse de tes sens. Depuis trop longtemps la voisine de palier, l’amie d’enfance qu’on traite de garçon manqué. Celle avec qui se lançait des défis débiles pour savoir qui deviendrait le serviteur de l’autre pour la journée. Temps rieur et sentiment moqueur. Ils s’amusent de ta vision d’elle. Change ses traits. Elle t'apparait différente chaque jour. Plus belle, plus douce. Comme entouré d’une aura que tu avais jusque-là ignorer. Mais ce n’est pas elle qui change, Jaewon, c’est toi. Perdu dans un tourbillon de sentiment contradictoire, tu ne parviens plus à retenir tes mots. Et c’est ton cœur qui mène la valse. Tu lui avoues tout. Et ses mots retour sont cachemire pour ton battant. Festival pyrotechnique au sein de ton crâne.

Une petite copine, ta copine. Début d’une relation longue durée qui va te faire perdre la tête. Tu l'aimes Jaewon, Oh oui, tu l’aimes. Sans aucun doute. Plus que tu ne devrais sûrement le faire. Plus les mois passent, plus tes pensées s’emballe. Impossible de faire machine arrière. Ton esprit embrumé par la folie d'un amour incontrôlable que tu aurais pourtant souhaité contrôler. Parce que c'est ce que tu as fini par faire. Tout contrôler. Surveiller son portable, ses connaissances, ses amis. Jaloux, possessif. Lui interdire des sorties, des vêtements, de vivre tout simplement. Toxique. Elle était ta captive, ta prisonnière. Elle était tienne et c'est tout ce que tu voyais. Tu as perdu la tête. Puis tu l'as perdu.




Assourdissant silence et regard fuyant. Exacerbation de ta rage. Arraché ta famille reconstituée. Celle créée de toute pièce. Des pièces défectueuses, brisées. Comme toi, comme tous. L'arrivée au pandemonium. Le début de la fin. La fin de ce toi. Ce toi qui se perdait, s'abandonnait dans les méandres sournois d’une vie de facilité. Facilité corrompue. Le droit chemin n’est pas une route simple à prendre après avoir touché le fond. Un nouvel ordre des choses. Tu ne veux plus perdre, plus ramper, plus subir. Tu veux monter, t’élever, prouver à tous qu’on peut réussir même en venant des bas fonds. A tous mais surtout à toi. Jaewon, bonne résolution, mais pourras-tu seulement la tenir. T’accrocher à ce but, c’est ta promesse à la voie lactée. Aux antipodes de ce toi qui saignait chaque jour davantage, tu réécris les pages d’un avenir que tu n’aurais pas cru t’être destiné. Antihéros de ta propre vie. Tu finis par réussir, un exploit à tes yeux, une bagatelle pour d'autres.  Tu pars. Traînée brumeuse dans le ciel. Tes pieds de nouveau sur Terre. Peut-être qu’ici, tu te trouveras. Tu pourrais aussi la trouver elle. Celle sur qui tu n’as jamais su faire une croix. Celle qui est le fondement de ta rancœur.

1m68, sans chaussure à plateforme. 57kg, sans accessoires. Coupe mulet raté, cheveux coupés seul. Jamais coiffé. Yeux bien souvent maquillés. Cernés. Regard arrogant, jugeur, ou blasé. Corps sans la moindre trace de bonne nutrition, ou même de nutrition tout court. Impression de le casser à chaque coup, mais on ne peut s’en empêcher. Multiples hématomes et écorchures. Oreille, nuque et tétons percés. E-boy aesthetic most of the time. Cigarette au bord des lèvres. Ongles noirs et sang coagulé.



Q : Vous entrez dans un établissement prestigieux, pensez-vous que cela pourra influencer votre avenir et de quelle manière ?

Si j’ai décidé de venir faire mes études dans un établissement comme celui-ci, c’est bien pour influencer mon avenir. Dans ce genre d'endroit, on se fait bien souvent des connexions. Dans l’idée que j’ai de mon futur, je vais en avoir besoin. Même si j'exècre ceux qui se croient supérieurs parce qu’ils ont des zéros en plus sur leurs comptes en banque, je n’ai pas le choix que de me mêler à eux, parce que c’est bien d’eux dont j’aurais besoin. Puis si ça pouvait m’éviter de finir les mains dans les entrailles de poissons comme mon père, je prendrai sur moi.

Q : Vous êtes conscients que vous entrez dans un monde de requins avec cette bourse offerte ? Pensez-vous arriver à sortir du lot et de vous mélanger au groupe "elite" ? Ou bien vous serez plus du genre à rester silencieux dans votre coin pour étudier ? Après tout ce serait dommage de perdre votre bourse en cours d'année.

Ma bourse est honnête, issue de mon travail et preuve de ma réussite. On ne peut pas dire autant de leur argent. Mais si je rentre dans l’eau des requins, je n’ai qu’à devenir leur prédateur. Pas question de me rabaisser. Essayer d’amadouer les autres, ça ne rentre pas dans mes principes. Je réussirais qu’ils le veuillent ou non. Je ne serais pas un pion sur leur échiquier. Je ferais de ce monde mon terrain de jeu.    

Yo la famille, je suis Kazu’ et j'ai 27 ans. J'ai connu cette pépite grâce les créatrices, moi-même ? que dire ? et j'en suis bien content(e). Si je suis un double compte ? Et bien non et c'est tout ! Guess who's back ? Me.. I'm back..  /hide